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FebruaryTerra Ross : Comment faire pour mieux vendre ?
Elles ne présentent par ce moïen à nos organes tendres & sensibles, que des matieres convenables & proportionnées ; puis quatre Chapitres plus bas, elles deviennent des êtres imparfaits, des ébauches méprisables, des substances brutes, des embrions, où tout est impur & confus. Quatre Chapitres plus haut elles sont les dépositaires de toute la vertu de la plante, les reservoirs naturels de ce qu’il doit y avoit de meilleur dans les feüilles, dans les fleurs, & dans les fruits : des extraits naturels des plantes, dans lesquels on trouve de grands secours pour la santé : ce qu’elles ont de fixe & de concentré, en fait même la bonté & la sureté. La troisiéme Proposition, sçavoir, que ce qui compose le fruit, étant, comme on le suppose, un suc parfaitement dephlegmé, il s’ensuit qu’il n’y a rien de plus propre que le fruit à se laisser broïer dans l’estomac, & de plus aisé à se distribuer, ou à nous nourrir, n’est pas moins surprenante que l’autre : un Medecin, quelque peu instruit qu’il soit des premiers élemens de la science qu’il professe, doit sçavoir que le phlegme sert de vehicule aux autres principes des mixtes ; que c’est ce qui rend ces principes capables de s’insinuer dans les pores de la matiere, & que rien, par consequent, ne seroit moins propre à se distribuer & à nous nourrir, que les fruits, s’il étoit vrai qu’ils ne renfermassent point de phlegme.
Les Racines, Truffes noires d'été fraîches comme l’on sçait, sont les organes par lesquels les plantes tirent leur nourriture ; mais ces organes ne fournissent pas tellement le suc aux plantes, qu’ils ne s’en partagent aussi eux-même, & que quelquefois ils n’en retiennent la partie la plus succulente : c’est ce qui fait qu’il y a des racines si exquises, comme sont la plûpart de celles que nous mangeons. ’amasse & se conserve tout ce qui doit se développer dans les feuilles, dans les fleurs, & dans les fruits ; qu’on possede dans les racines, des extraits naturels des plantes qui doivent naître ; & que ces sortes d’extraits doivent être d’un grand secours pour la santé ; qu’il est vrai que tout paroît encore fixe, & concentré dans la racine de la plante ; mais que cela même, bien entendu, fait la bonté & la sureté de cette sorte de nourriture, parce qu’il n’est pas toûjours sûr de mettre dans nos corps des matieres volatiles, ou déja trop développées ; que nos organes tendres & sensibles, comme ils sont, & les liqueurs qui nous font vivre, étant sujettes à s’exhaler, & à prendre l’effort, demandent ce ménagement, qu’on ne leur présente que des matieres qui ne les maîtrisent point, ou qui ne s’opposent pas à leurs actions, & à leurs manieres.
Quand il a reçu la fermentation necessaire, il est leger & bien troüé, parce qu’alors les humiditez aïant été rarefiées, en ont dilaté les parties ; mais s’il a trop fermenté, ces mêmes parties se brisent & se divisent à un point, qui les empêchant de se soûtenir, les unes & les autres, les fait affaisser ; en sorte qu’on n’y remarque presque point d’ouverture : le pain, pour se digerer aisément, ne doit point être gras & pâteux, il faut prendre garde aussi qu’il ne soit pas trop friable : ce qui vient toûjours de ce qu’il n’a pas bien fermenté, ou de ce qu’il est trop cuit, ou de ce qu’il n’a pas été assez paitri. Le vulgaire, cependant croit qu’il n’y a qu’à manger du ris pour engraisser, sur tout s’il est préparé avec le lait & le sucre. D’où il est facile de conclurre qu’il est mieux de ne point se borner à la croute seule, mais de la manger avec la mie, à moins qu’on ne soit trop replet, & qu’on n’ait besoin d’un regime de vivre desséchant. Au reste, on trouve ici trois Propositions assez peu soutenables ; la premiere, que tout est fixe, truffes concentré, & mal digeré dans les racines ; la seconde, que ce qui compose le fruit, est un suc parfaitement déphlegmé ; & la troisiéme, qu’il s’ensuit de-là que rien n’est plus propre que le fruit à se laisser broïer dans l’estomac, à se distribuer, & à nous nourrir.
’accord, font une substance douce, tendre & fondante ; qu’il n’y a rien de plus châtié, de plus soigneusement travaillé, de plus propre enfin à se broïer dans l’estomac, & de plus aisé à se distribuer, ou à nous nourrir que les fruits. Quant à l’avoine, il y en a une cultivée, qui est la meilleure ; & une sauvage, assez noire, qui est la moindre ; l’une & l’autre sont longues & menuës, & naissent sur des tuïaux minces, qui portent quelques feüilles étroites, à peu prés semblables au chien-dent, & des épis, où ce grain est suspendu par de petits filets déliez, fort éloignez les uns des autres, lesquels le laissent pencher vers la terre en forme de petites sonnettes. Quoi-qu’il truffes noires en tranches et huile de truffe blanche soit, celui dont nous usons, n’est bon que lorsqu’il est récent, sans quoi il perd la meilleure partie de ses soufres, & de ce qu’il avoit de plus volatil ; ce qui le rend lourd sur l’estomac, & de trés-difficile digestion : c’est pour cette raison que le pain recuit n’est jamais si bon, parce que cette seconde cuite n’y laisse que le plus terrestre.
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